I – Introduction
Le Tennis-Elbow est une pathologie fréquemment rencontrée chez le joueur de tennis. Sous le terme de Tennis-Elbow on regroupe plusieurs lésions qui se traduisent par des douleurs de la face externe du coude. Ces douleurs peuvent avoir plusieurs origines :
1°) La forme tendineuse
De loin la plus fréquente. Elle touche le tendon commun des muscles épicondyliens d’où son nom : Epicondylite.
2°) La forme articulaire
Il s’agit de lésion cartilagineuse ou de lésion touchant le ligament annulaire ou le ménisque huméro-radial, bourrelet cartilagineux compris entre l’extrémité supérieure du radius et l’extrémité inférieure de l’humérus.
3°) La forme neurologique
Il s’agit de compression du nerf radial au niveau du coude ou des 6ème ou 7ème racines cervicales au niveau du cou.
Devant la survenue de douleurs au niveau de la face externe du coude, il est donc important d’établir la raison de la douleur. L’échec du traitement médical peut s’expliquer par l’intrication possible de différentes causes ou par la difficulté de traiter ces lésions. Cela rend nécessaire la mise en place d’un programme de prévention qui doit tenir compte des facteurs favorisants du Tennis-Elbow et du niveau d’activité tennistique de l’individu.
II – Les facteurs favorisants du tennis-elbow
1°) L’hyper-activité du 2ème radial
Le 2ème radial fait partie des muscles épicondyliens. Il est extenseur du poignet. Lors de la frappe, le poignet est statique. Le mouvement d’extension du coude réalisé lors du revers ou du service est responsable d’un étirement du muscle. Le muscle travaille en excentrique (association d’une contraction musculaire et d’un allongement du muscle). Ce mode de contraction hypersollicite la partie tendineuse du muscle. Les lésions peuvent toucher la jonction muscle-tendon, la partie fragile du tendon (corps du tendon moins bien vascularisé), ou l’insertion du tendon sur l’os.
2°) Les vibrations.
Liées à l’impact de la balle sur la raquette les vibrations se propagent jusqu’au coude et participent à la fragilisation tendineuse.
3°) Un problème de rachis cervical
4°) Un état général inapproprié
Une pathologie dentaire, une mauvaise hydratation, une hyperuricémie ou un trouble du métabolisme lipidique favorisent la survenue de lésion tendineuse.
III – La prévention
La prévention a plusieurs objectifs :
– améliorer la résistance des épicondyliens
– diminuer les facteurs favorisants.
1°) Améliorer la résistance des épicondyliens
Pour améliorer la résistance tendineuse, on utilisait à ce jour l’étirement passif ou stretching. Le travail musculaire excentrique, c’est à dire associant contraction musculaire et allongement du muscle, sollicite peu les fibres musculaires au contraire de la résistance développée par la partie non contractile du muscle, c’est à dire le tendon et ses expansions. Afin de renforcer le tendon, il faut préconiser un travail excentrique des épicondyliens. Ce travail doit être progressif en vitesse et en intensité.
2°) Diminuer les facteurs favorisants
a) – l’hyperactivité du 2ème radial
– limiter le temps de serrage de la raquette au seul moment de l’impact de la balle.
– respecter une progression dans le temps de jeu.
– éviter le revers lifté qui sollicite plus les épicondyliens.
– avoir un matériel adapté : raquette légère ayant un centre de gravité proche de la base du manche (légère en tête). Le grip doit être adapté, ni trop petit, ni trop grand. Lors d’un changement de raquette, alterner l’utilisation de la nouvelle raquette avec l’ancienne. Le temps de jeu avec la nouvelle raquette augmente progressivement au détriment de l’ancienne. Cette précaution est nécessaire. L’utilisation d’une nouvelle raquette ou le changement de technique de jeu modifie le toucher de balle et renforce la sollicitation des épicondyliens.
b) – les vibrations
Les vibrations de grandes amplitudes sont nocives et favorisées si :
– la balle est mal centrée
– le tamis est petit
– la tension du cordage est forte
– les balles sont dures
– plus la surface du terrain de jeu est dure, plus l’impact de la balle est violent favorisant la survenue des vibrations.
Les conseils afin d’éviter les vibrations sont :
– avoir une bonne condition physique afin d’avoir un bon placement sur la balle.
– avoir une raquette, moyen ou grand tamis, cordée avec de faibles tensions.
– jouer sur surface lente avec des balles sous pression.
– utiliser des pastilles anti-vibratoires et une contention au niveau du poignet.
c) – un problème de rachis cervical
Il faut renforcer les muscles du rachis cervical afin d’éviter tout dérangement vertébral pouvant créer une compression d’une branche nerveuse cervicale se traduisant par une douleur de la face externe du coude.
d) – l’état général
Un bilan sanguin annuel est nécessaire afin d’éliminer un trouble métabolique. Une bonne hydratation lors de l’effort est importante.
3°) Prévention des lésions articulaires et de la compression du nerf radial au coude
Les lésions articulaires au coude sont peut être favorisées par :
– l’hypersollicitation du 2ème radial. Ce tendon émet des expansions au niveau de l’articulation du coude. Il peut être ainsi responsable des lésions rencontrées.
– un déséquilibre entre les muscles épicondyliens qui sont forts et les muscles épitrochléens (fléchisseurs du poignet) qui chez le tennisman sont proportionnellement faibles.
– les mouvements forcés de pronosupination, comme lors du lift, sont pour certains la cause de cette pathologie.
L’étirement du nerf radial est possible lors d’un mouvement d’extension-pronation du coude. Ce mouvement existe lors du service, du revers chopé et lors du coup droit lifté.
Le dernier élément dont il faut tenir compte est le niveau et les habitudes de jeu. On ne peut pas avoir la même attitude chez le débutant et le professeur de tennis, chez celui qui n’a jamais souffert de Tennis-Elbow ou chez celui qui vient juste d’être traité.
Aussi nous proposons 4 programmes de prévention du Tennis-Elbow.
– Prévention chez le débutant
– Prévention chez le joueur confirmé
– Prévention après traitement d’un Tennis-Elbow
– Prévention chez le professeur de tennis.
1°) Prévention chez le débutant
– Bilan de l’état général + bilan biologique
– Mise en condition physique par la pratique du jogging ou du vélo. Un bon geste technique n’est possible que grâce à un bon placement sur le court.
– Activité tennistique très progressive
– Eviter de trop serrer la raquette. Expirer lors de la frappe de la balle.
– Utilisation de raquettes légères, moyen ou grand tamis, peu tendue (20 kg moyen tamis – 24 kg grand tamis)/
– Utilisation de pastilles anti-vibratoires
– Contention souple au niveau du poignet pour arrêter les vibrations
– Tenir la raquette dans l’autre main entre les échanges
– Exercices de prévention.
2°) Prévention chez le joueur confirmé
– Avoir une bonne hygiène de vie
– Changement progressif de raquette
– Pas de modification brutale des habitudes de jeu
– Tenir la raquette dans l’autre main entre les échanges
– Exercices de prévention.
3°) Prévention chez un sujet ayant eu un Tennis-Elbow
Après guérison clinique
– Recherche des facteurs favorisants
– Etude du matériel, de la technique, des conditions de pratique du tennis
Les mesures sont adaptées à ce bilan.
– changement de matériel
– éviter le lift surtout en revers
– reprendre très progressivement après 6 semaines d’exercices de prévention.
– tenir la raquette dans l’autre main entre les échanges
– utiliser une contention au niveau du poignet et du coude
4°) Prévention chez le Professeur de Tennis
– bonne hygiène de vie – Bilan annuel à partir de 40 ans
– utiliser pour les cours de débutants des raquettes très légères, peu tendues. Tenir la raquette en haut du manche
– contention du poignet
– exercices de prévention.
Les exercices de prévention
3 séances par semaine en début de saison, (15′ de travail).
– Commencer par 3 auto-étirements des épicondyliens (extension du coude – Flexion du poignet). La posture est maintenue 20 à 30 secondes.
– 3 x 10 contractions excentriques des épicondyliens. Ce travail peut se faire manuellement ou avec de petites haltères. Au mieux, on peut utiliser une machine isocinétique. Le travail se fait à vitesse lente et faible résistance les 2 premières semaines puis, à vitesse et résistance moyennes avant de terminer à vitesse rapide et force maximale.
– Renforcement des épitrochléens avec petites haltères – 3 x 10 contractions.
– Renforcement des muscles du cou.
5 contractions statiques de 6 secondes de chaque face du cou et 5 exercices d’autograndissement de la nuque.
– Terminer par 3 étirements passifs des épicondyliens.